Janvier/Février

Samedi 3 janvier
Dans deux jours, une reprise en douceur pour moi, alors que ma BB effectue son week-end de labeur en compagnie d’intérimaires, ce qui alourdit sa tâche.
La nuit de la Saint-Sylvestre a été, certes, festive, mais Liselle ne semblait pas très en forme, souffrant sans doute de l’absence de son petit ami encore retenu dans son foyer en perdition. Espérons que la résolution de cette ingérable situation s’impose vite.

Aucun vœu envoyé à Heïm et son entourage. Pas plus qu’à Sally ou Hermione. Moins je me manifesterais auprès d’eux, mieux je me porterais. Le dernier courriel du feu inspirateur m’a révulsé et n’a fait qu’accentuer ma méfiance à l’égard de tous ceux qui conservent un rapport avec lui. Qu’il en sache le moins possible sur ma vie. Ne devrais-je pas profiter de ce déménagement pour couper définitivement tout lien ?

Dimanche 4 janvier, 23h55
Toujours édifiant de regarder L’année du zapping qui focalise le plus souvent sur le pire de la tv.
Ainsi les divers extraits des très nombreuses émissions mettant au premier plan, dans un sordide à paillettes, quelques ordinaires qui ne peuvent répandre que leur misérable médiocrité. Toute la palette des pôles humains se retrouve ainsi envahie par d’ineptes décérébrés : l’aventure, le cul, l’art... Sans honte et sans conscience, et pour la seule extase d’être vus à la télé ou de croire à leur pseudo talent, ces inconnus d’hier et échoués de demain servent le système économique des grandes chaînes (TF1 et M6 en tête) puisque leurs congénères se passionnent pour cette culmination du non événement, du rien mis en scène, du néant sous les feux de la rampe.
Je ne gâcherai même plus du temps à regarder ces échantillons brenneux de la « télé-réalité », un réalisme de chiottes, oui !
Hormis ces furoncles télévisuels, nous retrouvons les grands événements de l’actualité sanglante, et au premier rang la guerre-éclair en Irak et sa suite interminable. Parfois, la traduction des propos tenus diffèrent jusqu’aux sens opposés d’une chaîne à l’autre. Ne jamais oublier la part de manipulation dans l’information qui sert le conditionnement du téléspectateur via la propagande clandestine entretenue.
Nausée et dégoût, voilà les effets de ce zapping subjectif.

Mercredi 7 janvier
Toujours plus affligeants ces consommateurs, lors du lancement des soldes, prêts à se marcher dessus dans l’hystérie, pour réaliser quelques bonnes affaires. Et certains d’entre eux osent critiquer le système capitaliste qui tolère leur pitoyable spectacle ! Monde de couillons qui ne méritent que d’être exploités jusqu’à l’os.


Jeudi 8 janvier

Mardi soir, Heïm parvient à m’avoir au téléphone en masquant son numéro. Occasion de s’expliquer sur son dernier courriel et de jouer la carte affective. Je donne le change et reçois durant trois quarts d’heure un quasi monologue sans nouveauté : toutes les merdes sorties de son univers, le voilà plus riche que jamais, la réussite en marche ; circonvolutions autour du Gâchis qu’il veut voir paraître mais contre lequel son entourage fait blocus ; distinction qu’il fait entre moi l’écrivain qu’il apprécie et mes choix existentiels qui m’éloignent. Il ponctue ses antiennes d’élans affectifs que je trouve déplacés au regard de la minceur actuelle de notre lien. A plusieurs reprises, il rend hommage à son neveu Henri et à sa fille Hermione, deux exceptions de son entourage à avoir réussi.
Cette primauté au fric et à la volonté de paraître comme critère d’excellence de vie m’écoeure. Et c’est lui, et sa clique suiveuse, qui reprochait à Sandre son matérialisme outré ! A s’en tordre de rire jaune… Mais, évidemment, cela n’a rien à voir entre gens intelligents, de bonne compagnie. On ne peut les comparer avec cette petite médecin arriviste. Quelles grosses ficelles dans leur fonctionnement intellectuel et pseudo éthique.
Heïm semblait intrigué par mon aveu d’un malaise malgré moi, lors de mes dernières visites. Comme si je suais l’inadaptation à ce milieu fui à partir de 1999 (et, en fait, dès 1997). L’enthousiasme affiché pour les évolutions matérielles au château d’Au ne peut masquer une défiance définitive pour les travers qui l’animent.
Cultiver ce double et contradictoire objectif : préserver Heïm d’un chagrin supplémentaire et maintenir un ascendant symbolique par la double face de mon positionnement. Conciliant lors des quelques échanges oraux, intolérant à l’écrit pour rééquilibrer la tonalité globale.
Si certains trouvent l’extase dans l’amassement financier et l’abondance matérielle, moi je déniche mes sources jubilatoires dans le témoignage littéraire sans bride. Si j’avais à résumer l’essentielle leçon tirée de ces années châtelaines : ce n’est pas dans le nombre d’hectares possédés et dans les siècles cumulés pour sa terre et sa demeure que l’on tirera forcément l’envergure et la qualité de son existence. Vivre à sa mesure pour qu’un terreau plus sain favorise l’épanouissement de ses éventuels talents… Ni dieu, ni Marx, ni Heïm !


Samedi 10 janvier, 1h30
De retour du Palace snooker que Bonny et Elvis ont testé, pour les ondes musicales. Peu de mon jusqu’à 23h30 et, une heure plus tard, fin de la prestation (obligation de fermeture).
Sans transition : la Libye se rachète une virginité internationale par quelques dizaines de millions de dollars promis aux familles des victimes de l’attentat du DC10 de 1989 commandité par Kadhafi… et le « saponifiant » de Villepin se félicité de cet accord.

Samedi 24 janvier, vers 1h
L’écriture m’abandonnerait-elle en cette période de préparatifs. Vu avec ma BB, en revenant du concert d’Eagle Eyes Cherry, une émission hommage à Thierry Le Luron, parti beaucoup trop tôt. Ce visage de bambin impertinent, cruel et impitoyable pour brocarder, fait ressurgir une atmosphère télévisuelle bien révolue. La prime à l’inconsistance, la médiocrité, l’absence de talent, l’ordinaire lambda à paillettes qui s’y croit déjà…

Mercredi 4 février
Et pourtant il s’en passe des choses dans ma vie et sur la scène médiatique… manque d’allant littéraire, je ne me saisis plus de la plume avec gourmandise. Trop occupé ailleurs dans un équilibre trouvé.
Quant au bazar public, le ronronnement scabreux des scandales, massacres, malhonnêtetés ne soulèvent plus rien en moi. Je délaisse tout ce qui est indépendant de ma volonté, et cultive mes amitiés lyonnaises.

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